Hôpital Cognacq-Jay (Paris XVe) - Numérique : lien social ou isolement ? Actions locales
Hôpital Cognacq-Jay (Paris XVe)
Hôpital Cognacq-Jay

Qu’est-ce que le numérique peut apporter à la prise en charge du patient ? Comment impactera-t-il le lien social demain ? Comment être parent et éduquer à l’heure du Web, des tablettes et des réseaux sociaux ? Comment former des professionnels du soin et de l'accompagnement social à l’ère du numérique ? Dans quels cas les technologies digitales n’ont-elles aucun apport ? Pour y voir plus clair, la Fondation Cognacq-Jay a invité de grands témoins à s’exprimer sur ces questions.

La matinée a débuté par une conférence introductive passionnante du Dr Axel Kahn, directeur de recherches à l’Inserm et essayiste, sur les mutations entraînée par la robotisation dans le monde de la santé. Des robots qui réaliseront sans doute à terme bon nombre de gestes techniques mais qui ne remplaceront jamais "la capacité d'émotion et la chaleur humaine, ni la fulgurence créatrice."

Elle s'est poursuivie par une table ronde sur l’impact et les apports du numérique dans la prise en charge des patients, qui a réuni Élie Lobel, directeur général d’Orange Healthcare ; Mélanie Peron portant le projet Bliss ; Maëva Guillemain et Emma Poiret portant le projet Génération Aidant ; et Joëlle Dulauroy, psychologue clinicienne spécialisée dans la formation à l’accompagnement des malades. L'ensemble des innovations présentées, s'appuyant toutes sur la technologie numérique (smartphones, plateformes web, tablettes...), ont fait apparaître l'importance de la dimension humaine, du lien social, comme finalité première des usages, mais aussi la difficulté que peuvent rencontrer les professionnels et les usagers à maintenir ce lien et cette relation, dans un univers de plus en plus technicisé.

L’après-midi, c’est sur le thème du lien social et du numérique, que se sont exprimés Édouard Geffray, secrétaire général de la CNIL ; Vanessa Lalo, psychologue clinicienne spécialisée dans les usages numériques ; Laure Lechertier, directrice des affaires gouvernementales Bristol Myers Squibb pour le projet VIK-e ; et Camel Bouchareb, directeur adjoint du Lycée privé professionnel Cognacq-Jay, sur les enjeux de la régulation des usages du numérique par les lycéens. Ils ont insisté sur l'importance du "droit à l'oubli" (Edouard Geffray) dans un monde où l'internet se souvient de tout, sur la responsabilité que nous portons tous vis-à-vis d'Internet qui n'est pas une entité autonome mais "ce que nous mettons dedans" (Vanessa Lalo), et sur la nécessité pour les adultes de "rester au contact" (Camel Bouchareb) des pratiques numériques des jeunes, pour ne pas se laisser dépasser et pouvoir maintenir l'accompagnement. Deux collégiens ayant vécu une expérience de restriction d’accès au numé­rique ont également apporté leur témoignage.

Vers la constitution d’un livre blanc

Ont suivi pour terminer la journée, des ateliers sur des questions fondamentales aujourd’hui : Comment être parent et éduquer à l’ère du numérique ? Comment former à l’ère du numérique ? Quelle est la juste place de l’écran dans la relation médicale ou soignante avec le patient ? La conférence de clôture de cette journée intense et enrichissante a été donnée par Léo Coutellec, de l'espace éthique d'Ile de France, qui est revenu sur le rapport complexe que nous entretenons avec ces nouveaux outils numériques, à la fois objets d'innovation pour nos pratiques sociales mais aussi objets qui nous transforment et qui font évoluer nos rapports aux autres.

Comme le précise Cédric Tcheng, directeur de l’Hôpital Cognacq-Jay : « Pour répondre à ces questions-clés dans des métiers où la relation humaine est centrale, nous avons choisi de réunir des intervenants de très haut niveau et des participants que l’on n’attend pas. L’objectif est de définir ensemble des pratiques justes et bonnes en matière de numérique dans la relation sociale de demain, et de les consigner dans un livre blanc. »

En plus d’établir un état des lieux de ces questions d’aujourd’hui, ce séminaire a égaleùment permis de faire émerger des utilités sociales du numérique, là où on ne les attendait pas et de mettre à jour des points de veille pour les années à venir... Un pas de plus dans la compréhension de notre monde, pour mieux envisager celui de demain, et innover dans les pratiques.